(Ceci n'est pas un pamphlet.)


Paris. Eternelle. Changeante. Dorée ou terne. Paris.
Au hasard des avenues s'ouvrent des petites rues. Des petites artères grouillantes. Aux abords de la Madeleine, entres autres. Un parfum de luxe embaume l'air. Rue Saint-Honoré et rue du Faubourg Saint-Honoré. La rue Royale. Non loin, les Champs Elysées et son palais. La place Vendôme à quelques pas.
Sur le seuil des portes des plus alléchantes, fastueuses, branchées ou réputées boutiques patientent des hommes en costume... Des grooms, of course! Ils ne lâchent pas une perle de sueur. Droits et fiers face à la chaleur. Face aux cris excentriques des belles de jour aux lunettes noires. Face aux caprices des richissimes demoiselles qui s'habillent chez Yves (comprenez Yves Saint-Laurent). Oui, oui, à Paris cela existe les hommes soumis! Et dans ces rues nuls marcels ni shorts de l'an dernier ne traînent sur le pavé. A moins que l'attirail ne comporte, appareil photo ou dictionnaire, plan de Paris ou caméscope. Il s'agirait peut-être de touristes (Ce qui n'a rien de péjoratif soit dit en passant.) Car, parmi la foule des gens branchés et ostensiblement friqués errent quelques "gens normaux". Les yeux rivés sur les vitrines étincelantes. A frôler du doigt ce que jamais ils n'empoigneront. A divaguer. A s'offrir quelques macarons Ladurée, puisque nous sommes devant. Comme un parfum d'envie pour certains. De venin pour d'autres. De commun pour quelques uns. Sur les trottoir s'alignent les noms de couturiers, bijoutiers, créateurs, décorateurs... Et les tables des cafés. Lunettes Valentino relevées dans les cheveux. Sacs Gucci aux pieds. Montres Cartier brillants au soleil de 15 heures. Une fourchette à la main ou un café. Jouant à dévisager ou seulement savourant. Tout est là. Posture de rois et de reines. En règne dans leurs cours. Se pavanent et toisent. S’indifférent du balai ou snobent méchamment. Quel jubilatoire spectacle!
De Chez Colette provient une musique déjantée. Un peu trop fort sûrement pour le crâne des vendeurs. Livres et cosmétiques et appareil numériques replacés d'une main gantée, CD et babioles se côtoient. Attirail vestimentaire du golfeur et robe rouge et noir sublime de finesse avec ses perles prennent place à l'étage. Tandis qu'au sous sol s'alignent les tables du Water Bar salué dans la presse féminine sous des lampions feutrés. Peu de clients en caisse. Mais plus que l'argent en poche ce qui semblent compter ici c'est l'illusion d'en avoir, le plaisir de faire croire ou de jouer aux riches l'espace d'un détour dans une boutique chic et tendance.
Ah... Paris...