Un éclat. Une lueur pour une autre. Sur les chevaux dorés des piliers du Pont des Invalides scintillent un doux soleil de juin. Timidement mais avec la confiance des aubes sans cesse rejouées. Maître du ciel, l'astre grignote avec assurance et tranquillité les pierres du bord de Seine. Centenaires ou restaurées, aucune n’est épargnée de ce doux supplice matinal. L’été s’annonce. A pas timides mais sereins. Sous les arcades se réfugient les ombres de la nuit à peine achevée. Tout juste zébré par les spots lumineux des tunnels, la Seine s'écoule en vaguelettes. Paisible sans le remout des bateaux mouches encore à quai. Les arches du pont se retranchent dans une pénombre menacée. Paris salue la lune et accueille le soleil.
La coupole du Panthéon, les étages de la Tout Montparnasse et la pointe de la Tour Eiffel ont depuis longtemps, déclaré forfait. Délicate soumission à l’ordre des choses. S’offrent aux éclats pâles d’un matin printanier. Sous les ponts dansent les premiers rayons de clarté. La lumière se fait. Le soleil, fier, s’enhardit. Scintille l’or des statues anciennes. Et les brumes vaporeuses des lendemains.
Sans prétention, le soleil enjambe les cimes des marronniers taillés au carré. Et s’empare, triomphant des moindres parcelles de la verrière, du Grand Palais endormi. De reflets en miroirs, de formes triangulaires en kaléidoscope. L’art appartient à la palette de la planète reine.
Seule une douce brise tente une résistance. Et se joue des formes que dessine au sol le soleil. Mouvantes, les feuilles troublent les contours. Mais l’astre roi s’en moque. Assaut final, une touche de rose sur l’asphalte. Une pointe de bleu plus franche dans la voute. Et du noir hésitant pour les ombres des troncs qu’il projette au sol. Alignés comme à la verticale. Réguliers et massifs. Echec à la reine. La vie reprend dans une lumière jaunâtre et le premier klaxon.


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