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(Tout) et n'importe quoi.
4 septembre 2006

Insatiable.

Il ne faudrait plus dormir. Surtout, ne plus fermer les yeux. Et ne rien faire d’autre. D’aucune sorte. Pour assouvir toutes ses envies déclenchées dans les allées mille fois parcourues, dans les petites boutiques de quartier, typiques et originales. Ouvertes même le dimanche dans le quartier. Sortir comme pour une expédition. Sacs à provisions en poche. A grandes enjambés, courir pour fouler au plus vite les moquettes usées. Se laisser le droit de l’évasion licite. Les samedis après-midi. Ou les matinées de semaine. Des allées envahies ou désertées, chacune ont leurs charmes. D’un étalage à l’autre. Le corps se traîne pour laisse libre court aux folies. Les mains prennent. Retournent. Caressent. Longuement parfois. Reposent. Ou empilent consciencieusement entre leurs paumes. Sourires béats aux lèvres. Les yeux s’agitent. Couleurs. Formes. Calligraphies. Les méninges carburent. Poésie d’un assemblage de mots apposé en majuscules rouges. Rêveries ébréchées par les calculs bassement financiers. Et couler le bec aux chiffres pour laisser venir les lettres. Les alphabets des mondes inaccessibles.
Il ne faudrait plus dormir. Pour lire. Tous ces livres qui parent les étalages des librairies. Tous ceux qui font rêver en 4e de couverture ou pour un titrage savamment percutant, intriguant. Pour une couverture illustrée avec finesse. Les titres inconnus et ceux que nous souhaitons dévorer depuis des années déjà. Nous devrions rendre publique nos listes de livres à lire. Celles qui garnissent nos portefeuilles, agendas et autres bouts de papiers volants. Comme une liste de mariage. Pour tous les genres, toutes les bourses. Neufs ou d’occasions. De la librairie d’en face, de la Fnac ou des bouquinistes parisiens. Chacun piocherait dans l’énumération de l’autres. Au fil des envies. Compléterait la sienne ou celle de l’autres. Des pages entières de gribouillis d’envies littéraires. Griffonnées au fil des lectures de magazine, dans le métro ou de nuit dans son lit. Il faudrait offrir des livres, sans cesse. Ceux ardemment désirés par les gâtés d’un jour. Convoités. Ou ceux que nous avons aimés. Les faire partager. Et surtout, surtout ne pas oublier de les dédicacer. Pas de l’auteur. Pas nécessairement. De la main du généreux donateur de ces précieuses lettres. Une date, une écriture. D’autres mots, tremblants d’occasions. Ces petites pensées qui rendent le livre particulier. Que l’on touche du bout des doigts quand nous reprenons nos lectures passées. Souvenirs des plaisirs de frôler la graphie maternelle dans le coin droit de mes albums de Martine. Glissés un à un sous le lit. Récupérés d’un côté. Posés de l’autre. Valse sous le lit. Des plaisirs anodins pour mettre en relief celui de la lecture. N’en bouder aucun. Des livres d’occasions, jaunis, recelant mille odeurs, pour en lire l’histoire de pages cornées en passages soulignés. Dédicacés par le lecteur amoureux. Neufs pour en écrire le devenir. En toute circonstance. Sans raison. Comme nous apportons un bouquet de fleurs. Proposons un verre. Un livre ne se refuse pas. Pas comme une sortie, un repas, un voyage ou une demande en mariage. Il ne faudrait jamais dormir pour espérer pouvoir tout lire. Pour pallier à la culpabilité de rater mille sensations. Mille épopées. Mille savoirs. Pour mettre à terre la honte de n’avoir jamais lu, en son temps, les classiques. Le Petit Prince, à 17 ans. Grâce à une brocante. Il en manque tant à mes listes. Bien trop. Lacunes qui sans cesse grandissent. Creusent des fossés entre les aspirations et la basse réalité. Connaissances en creux. Remplie des hontes éparses et injustifiées. Si différente des siens. A quoi cela te sert-il d’étudier, savoir, lire ce genre de choses ? A rien, comme le reste. Et baisser les yeux sur le sol couvert de livres. S’en gaver et sortir en courant, en chercher, offrir de nouveaux. Les vivre surtout.

petit_prince

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Commentaires
B
D'un poète des mots qui nous est cher :<br /> "J'aimerais tant être au pluriel quand mon singulier me rogne les ailes"<br /> <br /> Des douceurs sur tes ailes grignotées <3
A
n'est pas une lecture d'enfant de toute façon...oui, le luxe de la lecture... Il faudrait deux vies: l'une pour lire et l'autre pour vivre.....
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