Poulet au citron.
Coupe. Détaille. Emince. Pleure au dessus des oignons. Tranche en quartier. En lamelle. En cube. Dégraisse le poulet. Rince les champignons. Remue. Assaisonne. Sel. Poivre. Fines herbes. Et citron. Of course. Poulet au citron. Le fameux. Celui tant de fois proposé. Rarement réalisé finalement.
Mais que veut dire "mijoter" déjà ? Feu doux, certes. Mais couvert ou non ?
"Mouiller au vin blanc" ne sera que mouiller à l'eau. Est-ce grave monsieur le cuisinier ?
La liste des ingrédients connaît quelques ajouts. Pour le goût et la couleur. Grain de folie. Trompettes de mort et poivron rouge apparaissent. Grains d'inconscience. Et si cela ne se marie pas ausis bien que la dernière fois. Ne lui plaît pas. N'est pas bon. Pire, toxique. Roméo & Juliette en cuisine. Un plat pour poison. Pardon.
L'intention était bonne. En rien contrainte. Bien au contraire. Un désir de faire plaisir. Comme tant d'autres envies en ce moment. De donner du temps. De saupoudrer un peu le plat de quelques autres sentiments. L'envie réelle et motivée. La capacité autrefois aiguisée. Mais. Saisie. De doutes. De faiblesses. Ou de fatigue. Ou de la conscience des leurres. Des pièges qui se lévent d'un coup d'un seul.
Je ne sais plus cuisiner. Comme je ne sais plus rien faire de mes dix doigts. De mes dix mots. Mes mains tremblent sur le couteau. Sur la tomate. Ca sent le dérapage non contrôlé. Non voulu. Pas les parfums de cuisine. Rien d'appétitssant ni de raffiné. Pourquoi n'aies-je pas acheté quelque chose de tout prêt. Assurément bon. Sans ingrédient affectif. Sans enjeu autre que réussir à percer nettement l'opercule de l'emballage. Sans le poids de l'image maternelle qui reçoit les petits plats dans les grands. Sans les relents de tradition. Sans la peur d'échouer. De decevoir. A croire que j'aime à me placer en situation d'échec flagrant. D'infériorité incontestable. D'incapacité manifeste. Détestable. N'étais-je pas assez stressée (bien que vraiment contente, précisons-le) pour rajouter cette pression là. Tellement chargée d'une hsitoire encore non rayée. Et puis. Le ménage. Les fringues. Les rangements. Tenue de soirée. Les envies se mélangent aux craintes dans la marmitte. Et je tourne au court bouillon. Saveur poulet au citron.