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(Tout) et n'importe quoi.
30 août 2008

Ce que le jour doit à la nuit.

where_is_love__by_LittleFlairC'est un jeu. Il faut seulement laisser prendre l'illusion. Et provoquer l'artifice du rire. Je joue. Je joue à cache-cache. Sans décompte. Sans cachette. Sans excitation. Sans quête. Sans personne à démasquer. Seulement l'ennemie à dissimuler dans le fond d'un placard inexistant. Dans un appartement dépourvu d'humanité. De passages secrets. Et de trésors sous les lattes du parquet. Je joue. Je joue à ne pas me croiser. A éviter que mon regard heurte ce corps. Celui que je dois appeler "mon corps" avec le naturel et le détachement propice à une telle énonciation. Je me suis trop vue. La nausée me gagne. Alors je joue. Et j'accroche mes yeux à la poutre centrale. Là où se balancent déjà mon cœur et mes tripes. Doucement. L'idée s'immisce. Me faire rentrer au fond de moi. Sous la peau. Au cœur de mes os. Retrancher et avec les ongles, tout pousser dans les fêlures. Ôter de la vue le tout. Je finirai poussière. Ce moment me tarde, souvent, un peu trop, me dit-on. Il me semble souvent que je n'arriverai pas au bout. Que j'ai usé la force de mes chimères sur les mauvais chemins. Et qu'ils m'ont perdu. M'ont abandonné sans rose des vents. Que les autres sentiers sont hors de portée, ne serait-ce, que pour y prétendre. Je rive mes yeux au plafond. Pour ne rien voir. En fait, je m'épargne. Me protège. Me mets à l'abri de moi-même. Je me glisse dans mon petit gilet bleu que je traîne depuis des années. Un temps il flottait de partout, pas seulement aux bras, comme aujourd'hui. J'ignore ce que je pense de ce temps là. Et j'observe glisser la nuit sur le jour. L'épie prendre la peau de la lumière. Epouser les formes que le jour a caressé avant elle. Je fixe des dates butoirs dans la nuit noire. Et avec eux les objectifs. Les défis. Les impératifs. Des comptes à rebours que j'enclenche régulièrement, comme si tout ne dépendait que de cela. Me promettant entre mes larmes de m'y tenir. D'œuvrer pour. Avant de tomber plus loin. Je joue. Je joue à cache-cache avec demain. Avec la vie. Avec moi. Avec l'amour. Avec l'avenir. Je n'arrive pas à me laisser toucher. Ou trop. J'incarne les présentes. Je ne me sens qu'absente. Je pense grandeur et éclat. Mais je ne suis pas de cette trempe là. La médiocrité de ma vie ne me sied. Mais aucun de mes jeux n'est capable de colorer ma vie ratée. L'illusoire a ses limites. Je joue à cache-cache. En espérant secrètement, dans les brefs moments où cela m'est permis, que la vie et l'Autre viendront me chercher. Me surprendre. Me débusquer. Ils ne viendront pas. Je le sais bien, je le sais bien. Je joue à cache-cache. Et je déguise mes larmes en rires. Je maquille mes élans forcés en envies spontanées, sans trop savoir qui ment. Je me glisse dans les draps trempés de larmes et je fixe demain, qui toujours dément les promesses. J'attends toujours le lendemain où tout changera. Le jour fixé et le décompte. Et ces lendemains ne seront alors plus les mêmes. Il faudra muer. Me tuer un peu pour croire qu'il m'est encore permis d'avancer. D'exister. De me sentir vivante et soulagée de cette honte. Me délester de ces poids que je me traîne comme des épouvantaux à bonheur. A capacité. A fierté et à estime. Sans complètement oublier que j'en accroche d'autres à mes chevilles. Il me faudra reprendre des chemins que les ronces veulent envahir. Barrer. Je fais des plans sur la comète de ce que devra être demain. De ce que je devrais devenir. Je me promets. Au son de la nuit. Au rythme des larmes. Et, je m'effondre de rage.


Toute chose en ce monde me raconte ton absence.
In Ce que le jour doit à la nuit - Yasmina Khadra.

Pix by LittleFlair.

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Commentaires
L
j'ai trouvé le lien du blog sur l'araignée (que j'apprécie beaucoup). Malgré la douleur, tes mots sont beaux. "promettant entre mes larmes de m'y tenir"... Les plans... je crois que c'est en essayant de contrôler sa vie qu'on y arrive le moins. Mais dire qu'on laissera faire la nature ça ne marche plus quand on a déjà laissé s'effilocher le cours des choses... Moi, j'essaie d'arrêter de me dire "demain, je ferai"... demain, je serai belle, je serai sage, je serai, je serai, je serai... J'essaie d'être, au présent, pour ne pas m'échapper dans un futur auquel je n'appartiens pas encore... Bonne chance.
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