Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
(Tout) et n'importe quoi.
13 novembre 2011

Et pourtant...

IJe m'en tiens au silence, je n'ai pas envie de raconter mes journées de travail, week-ends compris, mes aléas professionnels. Pas envie non plus de m'humilier en avouant que la déprime m'enserre et que je ne parviens pas toujours à exécuter toutes les tâches pour lesquelles je suis programmée, toutes celles écrites dans mon agenda. Bleues, noires, rouges. Surlignées. Que je m'enroule dans un plaid sur le canapé en fixant le plafond au lieu de travailler, laver, ranger, écrire, vivre. Que pour tuer le temps et peut-être pour matérialiser des douleurs, je subis la nourriture, elle qui ne me soulage pourtant que par son absence. Que je ne parviens plus à m'endormir sous les couettes des obligations et du stress, que mes yeux restent ouverts des heures sur l'obscurité. Que mes courtes nuits sont hasardeuses et hantées, qu'elles ne purgent pas le stress qui aux aurores me fait quitter les draps moites de cauchemars. Je n'ai pas envie, non plus, d'entrer dans le labyrinthe de mes pensées et de me perdre dans le fil des mots qu'il faudrait énoncer. Je n'ai pas envie, parce que je sais aussi, que personne n'écoute. Personne ne répondra comme il faudrait. Je n'ai pas envie de leçons ni de discours ni d'entendre l'autre revenir à sa vie quand j'ai enfin lâcher trois mots. Aux futiles "ça va?", "j'espère que tu passes un bon dimanche", je pourrais tout aussi bien répondre que je vais me pendre aujourd'hui. On me renvoit toujours les mêmes réponses matinées de demandes, de "est-ce que tu pourrais" auxquels je ne sais me soustraire et de "au fait, je ne t'ai pas dit...". Et passe à autre chose. Les gens ont trop à dire pour entendre les mots des autres. Trop de vie entre les mains pour écouter le vide d'autres existences, fussent-elles celles d'amis, de proches. Ou vivent bien pire que moi pour entendre mes insiginifantes détresses, fatigues, mes abandons. Alors  j'épouse le silence. Cela fera toujours une blessure, une incompréhension de moins à panser. Bien sûr, c'est de ma faute, je ne suis pas de ceux qui déballent tout sans écho à un point d'interrogation. Mais le silence autour de mes perches tendues me désarment chaque fois davantage. Me confine au mutisme borné. Je culpabilise alors d'avoir osé espérer être entendue, et de n'avoir pas pris soin de ceux qui attendaient mes mots, ma présence car j'étais alors penchée sur mon nombril. Par ma faute, il y a longtemps déjà,  j'ai perdu le droit de cité. J'ai tout fait pour, j'en paie le prix. Je ne devrais même pas en sentir la piqure. Et pourtant...

Photo : I. Anton
Musique : Le clavier et les cris des voisins
Humeur : Dominicale acharnée

Publicité
Publicité
Commentaires
Derniers commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 92 678
Publicité