Cavalier seul.
Les genoux contre la poitrine. Sous l'oreiller 60x60 à la taie décolorée d'en avoir trop essuyer. Les pieds croisés à hauteur des chevilles. Les mains et le nez dans les manches d'un col roulé en laine grise chinée. Où tremblent les côtes et les hanches. Lesquelles ne touchent plus le jean. Et qui me fait avouer avant rétraction face à l'impossible reconnaissance acquise, que peut-être, oui, je m'efface. Les poignets se croisent au-dessous des manches. Ne dépassent que deux doigts retenant un Folio Gallimard. Le soleil joue sur la facade d'en face. Et projette des ombres. Celles des branches esseulées de toutes feuilles. Devant ce petit spectacle pour oisive déprimée, je réponds au questionnaire de Pivot de la page 104 du journal équestre de Jérôme Garcin, Cavalier Seul. Le soleil décline avec la prudence désabusée de ceux qui n'ont plus rien à perdre après avoir n'avoir plus rien à donner. Et. 1- Votre mot préféré : Oxymore. Entre autre. 2- Le mot que vous aimez le moins : Plasmodier. Entre autre. 3- Votre juron préféré : Espèce de couillon. 4- Bruit préféré : Ceux de la mer 5- Votre drogue favorite : Les mots et la musique. Ensemble, si possible. 6- Ce que vous aimeriez que Dieu (s'il existe) vous dise après votre mort : la phrase de l'auteur est plaisante "ceux que tu as tant aimés t'attendent" ou peut-être, n'aies plus peur. Jocker. Dieu existe-t-il? Une vie après la mort ? Encore ?! ... Et je repars. Oubliant les délais. La conscience du travail bien fait dans le temps. En valsant sur Les Nocturnes de Chopin. Les seuls morceaux que je m'entête à connaître de lui. Parce-qu'ils ne laissent pas indifférents. Pour le tire, aussi... Comme quelques Gnossiennes et Gymnopédies de Satie. Que je contre-balance du son pop rock d'Aaron quand la nuit est entières et les rues troplongues vers les sourires et les ailleurs. En boucle. Je ne sais faire que cela. Les yeux dans le vague ont une fois encore décrochés des lignes dactylographiées. L'envie se tourne vers Da i Sijie qui patiente depuis trois semaines sur l'étagère gauche. Histoire inconnue. Coup de foudre, encore, pour un titre. Par une nuit où la lune ne s'est pas levée. Comme une aube sans soleil. La peau se contracte sous les tissus. Le froid mord. Se moque des épaisseurs de linges. Comme je me désespère de moi. De ma détresse matinale face à l'absence de perte de poids. Comme face à ce désir de perte de poids. Et je me laisse là. Echec à la bataille de l'aube. En joug. Bien que dépitée. La première gagne. L'autre se désole de perdre. Face à ça. Le soleil a fuit et laisse place à la lune. Encore une journée. A se battre. Un pacte. Scellé à l'amitié. Réactusalisé. Pour ne rien perdre des destinées à tracer. Ni des espoirs et de la foi. Même les yeux fermés pour les premiers pas. Pour finir par sceller le corps à l'âme aux lendemains à la vie. Mille morceaux éparses sur un canapé. Ne pas lâcher. Juste une énième larme. Sans effet autre que de brûler la peau une seconde. De réchauffer un instant avant de cèder à la morsure du froid quand elle sèche quelques centimètres de peau plus bas. Chopin n'en finit pas de jouer sur les accords. Crisse le coeur en harmonie mélodique avec le corps. Les genoux remontent toujours plus haut. La tête se baisse plus profond dans les genoux. Je referme l'écrin de l'estomac. Il n'a plus que le silence pour dire la faim. Les hurlements pour les faux trop pleins. Guerre froide. Et la nuit est venue à présent. Je ne rattrape plus le temps. Je le laisse ternir comme les larmes. Demain sera un autre jour. Plus clair. Ou. Plus sombre. Peut-être. Mais un autre jour...
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