Colère Noire.
Mais allez-y tapez moi dessus. Avec vos petites remarques aux accents de reproches. Comme ça, l'air de rien. Si vous ne saviez pas que me dire alors il ne fallait pas appeler. Au lieu de cela, une volée de coups entre les mots. Une bonne piqûre de rappel. Si jamais j'avais oublié quelques heures la médiocrité de ma vie. De mon quotidien et de mon avenir. Allons y gaiement. C'est tellement amusant. Sans oublier que c'est de ma faute si un rien me blesse. Que je prends toujours tout mal quand on me montre à quel point je suis inutile et inefficace. C'est plus facile encore n'est-ce pas, de jouer avec les larmes que vous ne voyiez pas ni n'essuiez. Bien sûr que je ne suis que la petite parisienne qui ne fait jamais rien de bien. L'air hautain sur ses talons. En col roulé, alors qu'il y a du soleil. Jamais dans le ton. Jamais dans le cadre. Toujours en noir. Comme s'il n'existait pas d'autres couleurs. Inerte. Comme rien d'autres à faire le dimanche que de rester allongée sur son canapé. Pauvre petite conne qui ne connaît rien à rien. N'est rien. Irrévocablement. Qui déambule vite et loin dans les rues sans adresser de sourires. Sans revenir auprès des siens. Ingrate et méprisante. Mais qui un dimanche n'a pas encore entrepris de se promener à 16h45. Et bien voilà. C'est fait. Vous êtes contents ? Vais-je éviter les remarques ce soir ? Non, bien sûr. Une demie-heure. Oui, je sais. Ce n'est pas assez. Oui, bien sûr, je suis une petite nature, fatiguée. Heureusement que je ne dis pas tout des maux du corps. De toute façon, je fabule, n'est-ce pas ? Que la lumière dérange. Qui a mal aux jambes et au coeur. Pauvre petite chose. Si je l'avais dit vous n'en auriez rien entendu. Ces choses là n'ont pas d'importance. Pas le droit de citer. Aucune espèce d'existence ni de raison d'être pirs en compte. Comme ce que j'ai pu faire aujourd'hui. Des riens sans doute pour vous. Je sais, je ne vole pas très haut voyez-vous. Ce ne sont pas des créations. Rien de vraiment concret ni constructif au fond. Rien de signifiant ni de gratifiant. Pour personne. Que fais-je de ma vie ? Rien, comme vous le soulignez. Si loin de vous. Un métier qui ne paie les factures qu'une fois tous les trois mois avec de la chance. Et le reste du temps, je pleure. Pour vous. Il suffirait de ... Ou bien encore de... Mais si tout était aussi simple. Pleurer, c'est prenant. Ca vous tient en étau aussi. Difficile de passer à autre chose. De réussir; Mais tout cela vous est bien étranger. Incompréhensible, je sais. Alors je me tais. Cela creuse un peu plus les béances, mais au fond, ce n'est pas grave. Au point où j'en suis. Juste un trou plus profond. Qu'aurais-je du faire ? Quel est le programme pour être quelqu'un de bien, d'honorable, de respectable ? Dormir moins de mes sept heures de ce jour. Et me réveiller avec un radieux sourire. Mieux, me lever plus tôt. Mieux, ne pas me coucher. Et à l'aube courir un semi marathon avant de faire la lessive, la vaisselle, le ménage. Et dire que je n'ai pas encore fait la poussière ni astiquer les éviers. Quelle merde je fais n'est-ce pas ?! Mais ne vous en faîtes pas. Je vais bien tout passer à la javel. Ce corps en oremier lieu. Il finira bien par se dissoudre lui aussi. A ne faire honte à personne. Comme cette existence si peu reluisante. Il s'envolera en éclats ou en cendres un jour. Et on n'en parlera plus. Continuez bien à me parler comme à une petite fille. Je m'en fiche. Ne me dis pas que c'est pour me protéger. Comme autrefois. Ca n'a pas marché. Ca ne marchera pas. D'ailleurs; tu ne peux pas me préserver. Moi seule pourrais peut-être me protéger. Mais à quoi bon. Pour quoi faire. Cette vie là n'en vaut pas plus la peine que moi. Elle ne sert à rien. Je marche dans Paris. Je n'entends rien. La musique rock à fond qui porte le corps et le coeur à la limite de l'implosion. Et tant pis si je suis plus encore fatiguée et en colère. Malheureuse aussi, mais chut. Ce sont des choses qui ne se disent pas. Je me coucherais avec un peu plus de haine de moi, de mes jours. Avec ce dégoût ravivé dans le fond de la bouche. Mais bien sûr, c'est de ma faute. Je suis trop sensible après tout. Je marche. Pas assez loin pour me fuir; Pour me perdre. Pour user la honte et la peine sur le bitume. Je marche et je ne vois rien, j'avance tout droit. Juste pour ne pas courber l'échine plus tard. Je ne suis même pas apprêtée, pas maquillée. Mal habillée sans doute. Pauvre de moi. Non, ce n'est pas la peine. Je le sais bien. Mon prince charmant a foutu le camp. Il ne viendra pas. Jamais. Il a bien raison. Il sait combien il tombera bas avec moi. Il a fuit. Et moi je ne sais pas courir. Pour aller où au fond ? De toute façon. Ni ce corps ni cette âme ne sont bons à être donner. Cadeau empoisonné. Alors à quoi bon. Je renonce aussi à lui. Prince ou crapaud. Mais vous avez raison de me le rappeler. Si jamais je me soutrayais, quelques minutes abandonnée sur mon canapé, à l'idée que je ne vaux rien. Que je me traîne de jour en jour. Envie d'hurler. De partir en courant. Loin. Là où je ne retrouverais plus le chemin du retour. Où plus personne ne remarquera la médiocrité de ma vie. Envie de tout casser. Fracasser. Non. En fait. Surtout. Seulement moi.
By PhotOhead.