Et tout ralenti.
Le thé a refroidi. La théine se fige et colle aux parois de faïence. Yaël Naïm colore l'atmosphère depuis plusieurs heures. Des sonorités méconnues. Et des frissons. Le gris du ciel frappe aux fenêtres. Figée, je le suis aussi. Les jambes contre la poitrine. La tasse de thé au milieu. Le nez dans les deux cols roulés qui me permettent d'avoir les joues roses. Mais pas les pieds, désespérément gelés. J'écris. Des choses insignifiantes qui paraîtront pourtant. La pointe de l'effaceur court sur le vélin. Glisse, vite. Forme des lettres sans même y paraître. J'aime cette sensation. Et ce bleu si clair qu'il pourrait disparaître sous un léger souffle. Les heures cèdent. Et je n'avance pas. Je sens le froid gagner les cuisses, après avoir dévoré les mollets. Le ciel s'assombrit. Il faudra bientôt de la lumière. Rien ne vient. La pression du stress matinal a laissé place aux doutes. Des gouffres. Et je reste là. La joue sur le genou. A me demander si j'ai fait les bons choix. Ce qui m'anime réellement. Si je suis faite pour le monde du travail. Pour la vie. Je lis un article de trop dans La Croix. Et bois la tasse dans un mug de thé à l'ananas et quelques notes de piano. La vie me dépasse. M'échappe. Me mène en bateau. Et je déteste cela.