Dive Into the Seine.
J'ai enlevé mes lunettes. Le paysage est alors devenu tâches de lumière, floues, sur fond bleu océan. Une soirée de septembre dévorée par la nuit. J'ai mis la musique. Fort. Dans mes oreilles, un autre monde. Une fille que l'on rattrape par la main. Et j'ai fermé les yeux entre deux pas. Je sentais le vent sur mes joues. Sur mes jambes. Sur mes bras. A travers les frêles tissus, le souffle du ciel et la chair de poule. Mes cheveux fouettaient mon visage, régulièrement. Mes pieds brûlaient d'avoir trop piétiné, des heures durant. Je tanguais, je crois. Mais je n'ai pas ralenti. J'avançais obstinément vers le pont. Où je me suis enfin arrêtée. Longtemps, à travers mes brumes, j'ai observé les lumières des phares des voitures, rythmées par les quilles, le long de la berge. Les phares et leurs réverbérations dans la Seine. Jaunes ou blanches. Le ciel n'en pouvait plus de s'assombrir. Et les éclairages des monuments n'y changeaient rien. J'ai observé la Seine couler sous mes pieds. Les ombres s'agrandir. Le flot des voitures ralentir. Et l'eau onduler. AaRON chantait à la gloire de Lili, en boucle. Et j'ai compris que cette chanson ne parlait plus de moi. Que j'avais perdu déjà mes couleurs.
Paris is burning by ElifKarakoc.