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(Tout) et n'importe quoi.
12 octobre 2009

Je ne suis pas de taille.

Backyard_morning_by_FelillyElles dansent comme des centaines d'étincelles. Des petites lumières aux éclats diffractés dans les cristaux de mes larmes. Je ne cesse de réfléchir sur le sens de la vie. Ce soir, comme si souvent, je ne me sens pas de taille. Quel sens a la vie ? Quel sens a ma vie ? Je regarde des séries de minettes qui me mettent des claques à toutes les phrases, ou presque. Je ne comprends pas. C'est à peine si je saisis l'ensemble de tout cela. Qui attend quoi de moi ? "Qui" est un personnage omniscient aux pouvoirs éthérés et immenses. Une entité. Je ne sais pas, et cela m'obsède. Il y aura tant à faire sur cette terre, tant de combats, d'être à aimer que cela me désarme. Je me sens flouée. Petite, si petite et insignifiante. Je vois pas dans quelle direction aller et je reste là, à pleurer. Dans le silence ou devant ma télé parce qu'un épisode me fout des torgnoles plus douloureuses et honteuses que celles de mon père, autrefois.
J'ai l'impression de réaliser trop de choses à la fois, sans pouvoir retenir entre mes doigts quoique se soit. Je ne trouve pas ma place. Celle que je tente de tenir depuis des années, prise dans les carcans de ce que je crois être bien, bon, n'est peut-être pas la mienne. Pas la mienne parce qu'incomplète.On m'a dit un jour que je ne pouvais faire le bonheur des miens sans être heureuse. Que je ne peux aimer les autres sans m'aimer. Un peu au moins, en me respectant à minima, peut-être. Une connaissance s'est vue dire un jour par son petit ami, quelle devait apprendre à être heureuse sans lui, quand il n'était pas là. Jane dit encore que nous ne devrions pas avoir le droit de compter sur les autres pour nous sentir vivant, que c'est l'affaire de chacun. Soit. Ca je le comprends bien. Les enjeux tacites aussi. Mais comment fait-on ? Tout ne se passe pas comme dans les fictions. Et j'ai peur de la prétention. Aucune envie de me suffire de mon reflet. 
Et j'ai tellement d'envies. Si peu de forces, de cran, de savoirs. Je voudrais parfois redevenir enfant pour me laisser consoler de ces bras que je désire autant que je les repousse. Autant que je dissimule mes élans. Pire, mes besoins.
J'ai presque honte de mes éveils, de mes souhaits. Ils sont trop tardifs. Auraient dû venir il y a dix ans au moins. A cette époque là, plus qu'aujourd'hui, j'étais préoccupée par autre chose, de bien moins noble finalement. Mais qui a toujours été et sera toujours la seule qui ne m'abandonnera pas. Je critiquais la seule possible naissance de ces souhaits, jugés vils, bas, banals. J'ai gâché ma vie. De mes 26 ans d'existence, dix à peine, en valait la peine. Cette tendre enfance dont je peine à me souvenir. Aujourd'hui, j'ai perdu trop de temps. Une sourde révolte gronde et se fait rabattre le caquet par une vérité : il est trop tard, le temps ne se rattrape pas. J'ai gâché mes plus belles années sur les bancs d'une folie indélogeable. C'est de là encore que je tire mes conclusions. Je voudrais courir et crier, tout recommencer, faire mieux à présent. Mais je suis paralysée. Je suis en train de gâcher les années que l'on dit les plus épanouissantes pour une femme. Je ne bouge pas, je ne sais pas par où partir. Alors je me recroqueville dans cette hérésie apaisante et aveuglante, ce désir de coller ma peau à mes os. Je veux trop en faire. Trop bien faire. Les douleurs du monde me soulèvent, et je retombe. Impuissante. J'en reviens toujours au même constat.
J'ai le syndrome du cœur brisé, m'a-t-on dit un jour. Cette sensation terrible et physiquement douloureuse : celui de mon cœur qui se serre, bat à tout rompre, puis se brise. Tout me touche beaucoup trop. A défaut d'être efficace, je ne peux que prier, pour les uns, pour les autres. Envoyer mes pensées aux quatre coins de la France. Espérer. Je reste là à expectorer en silence l'injustice des faits, des contre-coups du bonheur annoncé, des guerres ouvertes, des combats imposés. Je reste là, jour et nuit, à prier, encore, un Dieu auquel je ne suis pas sûre de croire. Je crois en l'Homme. Je crois en l'espoir. Je crois au droit d'une vie paisible et heureuse après tant de violence et d'orages. Pour tant d'êtres, et je m'insurge dans la souffrance de voir leurs droits ravis. Alors oui, je supplie qui de droit. Et je m'enroule dans le silence.
Et je ne sais pas si je prierai un jour pour moi. Il y a une contradiction absolue dans mes ardeurs à vouloir être là pour autrui, à me rendre utile et celles de vouloir me renfermer, m'assécher et m'envoler telles des poussières.
Tout est tellement confus. Je suis perdue. Je ne trouve pas ma place tant mon cœur me lance d'injonctions, d'exhortations. Et le temps passe... Le temps que je perds. Je ne suis pas de tailler à le faire fructifier, à le laisser ridée ma peau pendant que j'œuvrerai à la beauté.

Photo : Felilly
Musique : BO Dawson Creek
Humeur : Errante

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Commentaires
A
Bon courage à toi aussi.<br /> L'impression de facilité est fausse. Le silence profond et les non-dits nombreux...
V
Le syndrome du "cœur brisé", il faut avouer que je ne le connaissais pas. Et pourtant, j'en souffre également.<br /> C'est étrange, tu éprouves tant de facilité à écrire ce que tu ressens au fond de toi. Pendant ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à moi. A chaque passage, j'y ai pensé.<br /> Tu es touchée directement au cœur par tout ce qui se passe autour de toi, tu ne sais pas où se trouve ta place, tu es paralysée. "Ne baisse pas les bras" est le seul conseil tu aura de moi.<br /> Je me sens toujours seul, triste, impuissant devant les violences qui touchent notre monde, apparemment tout comme toi. Et très souvent, je me demande le pourquoi des choses : pourquoi suis je né, pourquoi tant de violence, pourquoi vis je, pourquoi suis je seul, pourquoi suis je différent?<br /> Il y a néanmoins une différence qui nous oppose : tu continues de croire en l'homme.<br /> Cela peut paraître un peu stupide, mais je me suis senti un peu moins seul en te lisant : je ne suis qu'un égoïste.<br /> <br /> Courage à toi.
A
Que te répondre Cassie.<br /> J'ai envie de crier en te lisant "je me refuse et me refuserai toujours à l'indifférence ! " Je ne cherche pas l'idéal. Je déplore seulement le trop de douleurs qui s'abattent sur les gens et mon impuissance. il n'est pas vraiment question de repos sur les autres ou de s'assumer, mais d'être utile. Je ne sais comment dire.<br /> En même temps, bien sûr, je comprends tes mots, ta démarche, les raisons de tes mots. Bien sûr.<br /> <br /> Là, je ne sais pas, mais je n'ai pas les mots.<br /> Je ne sais que répondre aux autres commentaires. je les ai lu, ils mûrissent...<br /> <br /> Bref...<br /> Bon courage à toutes.
E
Je te lis.Ankylosee...et j'ai la sensation étrange de me lire, que c'est moi qui ai écrit tout ça... tellement, tellement tout ces mots me ressemblent, tout ce que tu ressens je le sens, je le comprends...c'est troublant.<br /> Tu sais décrire tes émotions tout simplement, moi je garde tout dedans...et rien n'est simple pour les âmes sensibles. Ce que nous avons en commun c'est une belle et grande âme juste un peu écorchée vive...On le fait pas exprès c'est comme ça...tout nous touche.<br /> On m'a dit "La vie est un cadeau*, c'est ptêt pas celui qu'on aurait voulu mais c'est un cadeau quand même...<br /> Peut-être que je manque de reconnaissance...je sais pas, je sais plu... parfois je suis perdue.<br /> Depuis peu, tous les soirs j'écris dans un cahier ; dix choses belles et simples de la journée...ça fait du bien. <br /> Dix choses simples et belles dans une journée ça semble difficile au début mais en y réfléchissant un peu on les trouve et plus on en trouve plus on en écrit.<br /> Ciao Anlylosee je te pense<br /> <br /> Ecorce Vive
A
J'aime ce que te répondent les autres... je n'y arrive pas, je me sens trop proche de cet état en ce moment... le "syndrôme du coeur" brisé oui... comprends si bien.<br /> <br /> Pensées ***
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