Les yeux ouverts. 08.02.06

Sur le dos. Patienter. Que Morphée me ravisse. Me berce sous d'autres voûtes que mon plafond. Désespérement blanc. La main gauche amarrée à ma hanche, saillante. Position allongée oblige. La jambe droite repliée sous le genou gauche. La tête en arrière, sans oreiller. Les sens en état de veille. Je n'ai pas sommeil.
Et le voilà qui rentre. Sans un bruit. Il pousse le verrou. Dépose sa veste sur le canapé. Et escalade l'échelle de la mezzanine. A son souffle je devine son souhait de me trouver évéillée, ou à peine assoupie. Il ignore que mes insomnies sont le fruit de mon attente. Avide. Que le bruit de la clef dans la serrure engendre un irrépressible sourire sur mes lèvres gerçées. Il parvient en haut des marches. Sa main gauche toujours, se pose en premier sur le matelas. Puis la droite, un peu plus haut. Vers mon mollet. M'encerclent. D'un agile mouvement de pied il ôte ses chaussures. Et demain matin je ne manquerais pas lui faire remarquer l'indélicatesse de ce geste. Lentement, il se hisse au dessus de moi. Tel un fauve. Ses yeux percent l'obscurité. Son attention s'aiguise. Cherche de savoir. A mon souffle il tente de deviner la phase de mon sommeil. Il ignore ma maîtrise respiratoire. Feint de méconnaître mon besoin de lui. Et. Un clin d'oeil. Invitation. Et je sens son sourire. Puis. Ses lèvres sur ma bouche. Puis. Envahissent la moindre parcelle de peau dévoilée par le baillement d'une nuisette en soie noire. Explorent chaque grain de peau de ce corps abandonné à l'autre.
C'est toujours la nuit qu'il revient. Hologramme du désir et du manque. Lui. Eternel absent. C'est de son lit, de plein pied, que je m'étais extirpée. Que j'ai nié envie et avenir. C'est dans mon lit, froid, que je n'attends plus rien. Plus personne.

Comments

[dumby]

je ne me lasse pas de le relire

[Ankylosée]

1. Le jeudi 9 février 2006, 20:59 par Kill-her*
Ce texte est magnifique...