Je ne sais pas.
Oui. J'avance.
Oui. Mal aussi sans doute. Quelques fois.
Il reste des erreurs de parcours. Malgré les efforts et les pistes fléchées par les anciennes douleurs qui ne voudraient jamais être rejouées. Cependant. Certaines attitudes et baisses de garde ou de tension trahissent la présence de quelque chose de malsain. Encore. En moi. De l'ordre de l'envie pathologique. De la dysmormophobie. De la folie latente et du dégoût du corps qui parlent de la haine de l'être. Et bien plus encore. Mais je vais certes droit devant. Un pied devant l'autre. Avec entrain quelques fois. En mode automatique d'autres jours. Comme on raye au fur et à mesure sur une interminable liste les choses à faire dans le temps imparti. Ou parfois. Je me laisse porter. Par respect. Facilité. Orgueil. Education. Revanche. Faiblesse. Un peu de tout. Et de rien. Parce-qu'il le faut. Malgré les doutes et les lacunes. Je ne suis pas sûre qu'avancer suffise. Mais je n'ai pas la force de plus. Et demeure ce goût amer. Ce relent qui s'insinue entre les heures de jour et de la nuit. De la nuit et du jour. Partout. Cette amertume du pourquoi ? Du à quoi bon ? De quelle utilité ? Peut-être qu'à ce moment là. Les heurts. Les chutes. Et les brûlures du silence n'ont plus d'importance, tant que le corps est debout et remplit ses devoirs. Un jour de plus à rayer sur le calendrirer. Tant pis, si à l'intérieur gagne bien souvent le gris. Si le mutisme m'étouffe. Comme les larmes qui déferlent sans s'annoncer. Peut-être bien.
Oui. Je me bats. A m'en perdre. Qui de moi. De la voix. Est la bonne voie ? Que faut-il croire ? Faire ? QU'est-ce qui est encore à sauver parmi ces illusions et ces mensonges qui ont guidé déjà tant de pas. ?Bien souvent dans les ravins. A quoi faut-il renoncer ? Et comment ? A quoi faut-il intimer l'ordre de se taire et à quoi donner de la voix ? Je lutte. De toutes les forces qu'il me reste. Mal parfois. M'assène des coups aussi. A trop me débattre dans le noir. Je ne sais plus. Et me violente. Je combats. Mais pas toujours sur les terrains prioritaires. Je ne sais pas trop pourquoi. Par peur. Incapacité. Ou aveuglement. J'avoue ne pas toujours me comprendre. C'est banal. Et éreintant. Ce déséquilibre en soi. Ce mal de mer en permanence et le décalage entre soi et soi. Le vide. Insondable. Invisible. Inconsolable. Je ne saurais même pas par où me rattraper. M'aider. Usant... Comme d'avancer sans voir son avenir. Sans que rien ne se dessine. Sans repère. Sans rêve, but ou désir fou. J'ai du mal à digérer tout ce vide. J'avance à l'aveuglette. A tâtons. Mais la progresion est lente. Trop. Les barbelés acérés. Les arbalettes armées. Tendues à l'extrême. Et je courbe l'échine. Stratégie... Pour ne pas prendre une lance en plein coeur. Mais les dégâts collatéraux affaiblissent. Et quand tout cela est bien trop lourd. Je rêve d'un envol. Du point final. Et de la légereté de l'être qui n'est plus. N'aurait plus à se disloquer pour conjuger l'auxiliaire être à la première personne du singulier sans rayer sa copie d'une larme déluge. Pour avoir le droit de ne plus souffrir, aussi. C'est peut-être plus dur encore de voir toutes ces barrières encore dressées. D'avoir cru pouvoir être. Aimer. Et de découvrir toujours plus de fossés, de frontières infranchissables. De les sentir jusque dans la chair. S'immiscer dans la moindre pensée. La plus infime envie. Révolte. Ou appel. Je ne recule peut-être pas vraiment. Je continue d'aigner les jours. Quelques francs sourires. Et le fait d'être encore là. Alors que c'est loin d'être aussi évident qu'il n'y paraît. De lever encore les yeux, le stylo et la fourchette. Le disent. A leurs façons. En occultant le reste aussi. Les habits plein de sang et de sueur. Le souffle court. Les cernes qui ambrent mes yeux. Et les paupières qui se referment sur les larmes. Le vide et les peurs. Les échecs. Je ne renonce pas. Mais j'ai la sensation que les points des lendemains deviennent de plus en plus flous. Disparaissent. Se noient. Mais j'avance. C'est peut-être pour cela que je me cogne. Partout. A presque tout. Même le doux. Que je tombe de haut sur les quais. A l'intérieur de moi. Revers de réalité en pleine figure. Cris muets. Honte. Déception. Elan au combat aussi. Cela blesse bien plus que la tête. D'en arriver là. Alors que les efforts avaient tant coûtés. Pire. D'avoir encore. De nouveau. A faire des efforts sur cela. Le miroir et l'assiette. Et de devoir tenir la garde haute. En permanence. Sur tous les terrains. Tout ne cesserait-il donc jamais ? Se rejouera sans fin ? Jusqu'à l'épuisement du corps. De l'âme. La force de la fragilité a ses limites. Elle aussi. Des ecchymoses plein les yeux. Les genoux. Le coeur. A vrai dire. Je me sens tellement minable. Risible. Pathétique. Condamnable. Inutile. Tant dans certaines envies pathologiques qu'au quotidien. Dans le moindre mot. Geste. Refus. Désir. Me sens si peu apte à être. A vivre. A aimer. A affronter toutes ces frontières qui entravent mon territoire. A m'aimer. Pourquoi je persiste encore ? Jour après jour. Pas après pas. Impératifs après impératifs. Je ne sais pas. Quelques soient les chemins pris, ils ne me semblent jamais être les bons. Toujours au détour d'une ruelle, tombe la pluie des coups. Impasses et cul de sac malfamés. Mais je mets un pied devant l'autre. Je conjugue le présent. J'avance. Peut-être qu'il ne faut retenir que cela. Je ne sais pas.
Pix By Larafairie.