Je me dis...
... Que c'était peut-être une erreur. Que. Je n'aurais pas du chercher à savoir qui je suis. A passer de la transparence à l'opacité. A l'affirmation. Ni soulever le voile. Je croyais naïvement que j'irais mieux. Je le voudrais
tant. N'en pouvant plus de ce vide qui donne le tournis, je pensais que
me trouver serait une réconciliation.
Je voulais me révèler à moi-même. Me faire
mienne. M'adopter. Enfin. Ou de nouveau. Je voulais me retrouver, ainsi
que l'équilibre, un peu de calme dans mes tempêtes et de fierté d'être celle que je suis. Entière, avec ses ombres et ses
lumières. Réunifée. Un peu plus droite. Un peu moins ivre de
néant, dans l'estomac comme dans l'esprit. Je voulais me faire du bien, ouvrir les yeux sur ce qu'on dit de ce moi que je ne connaissais
pas ni ne reconnaissais.
La
bulle remonte à la surface. Une identité nauséabonde. Et. Je n'arrive
pas à me faire à ce que je suis. J'envie ceux qui font avec ce qu'ils sont. Malgré les blessures. J'admire ceux qui savent annoncer la couleur
et s'en moquent. Sont ainsi. A prendre ou à laisser. Je n'arrive pas à
me fondre en moi. Ni dans l'identité psychique ni dans l'identité physique. Je ne me conviens pas et n'arrive pas à me résoudre. Me changer serait tricher. Et vain. Impasse. Incapable de me
contenter de ce que je suis. Et je suis la seule coupable. Fautive. D'être ainsi. Et de souffrir de moi. Plaie et couteau.
Je n'aurais pas du me risquer à me voir. J'ai les
yeux bien ouverts maintenant. Et je pleure. Je ne suis pas quelqu'un de
bien. C'est même tout le contraire. Pire que tout ce que j'avoue pu redouter. Et je ne m'en remets pas. C'est
idiot. Nul doute. Tout comme d'avoir osé espérer pouvoir un jour ouvrir les yeux
sur moi-même et m'apprécier. Voir quelqu'un de bien. Car je ne
suis même pas banale. Mais bien en dessous me semble-t-il. J'ai renoncé à la perfection. Mais j'aurais voulu
au moins franchir la limite. Atteindre le minimum. Celui qui fait que
je n'aurais pas envie de me jeter aux oubliettes à chaque fois que je me
croise. Dépasser la frontière entre le dégoût de soi et la commune acceptation ou résignation. J'avoue ne pas savoir. Pas plus que ce qu'il y aurait à sauver chez moi.
Nouvelle douloureuse que cette identité qui réapparaît. Qui avait déposé ses prémices de sa noirceur dans l'oubli de la folie. Mais que mon pathétique espoir. Ou la puissance du désespoir. Ou toute aussi la folle envie de croire ou me convaincre que je n'étais peut-être pas si ratée que cela. Pas si nulle et en dessous. L'a consciencieusement nié. Relent. La traque inconsciente de l'opacité, le pesant silence et le vide de l'être avaient un
sens peut-être. Une fuite face à cette triste réalité. Une protection peut-être.
Une façon de ne pas prendre de plein fouet ma bassesse. Une facilité
aussi peut-être. L'ignorance a parfois du bon.
Je ne sais pas comment faire.
Pix By Racheldesbois.