Four Days.
Quatre jours. Le temps de rien. Le temps de tout. De tout foutre en l'air. De tout effacer, d'un revers. sans même se retourner. Comme ça, entre deux sifflements. Quatre jours et un retour à la case départ. Un prétendu poids en moins.
Celle qui croyait mettre des coups les a finalement reçu. L'air de rien. Autour d'une table. Devant une télévision. Sur un balcon. Du bout de ses lèvres qui n'avaient rien d'innocentes. Il a pesé les mots avant de les abattre sur les épaules de ce petit rien posé là, comme par erreur, à côté de lui. Moi. Et d'une moquerie, il a tiré un trait sur huit ans. Huit ans de combat et de douleurs. En moins de quatre jours. Quatre jours à se servir du moindre mot pour me le renvoyer en plein visage. Ma folie aussi. Celle inscrite dans la chair. Dans l'esprit. Il a secoué la tête. Etalé son savoir puis condamné, avant de passer à autre chose. L'une a pleuré à ce moment là, certes.
Puis, lui, les autres ont parlé. Beaucoup trop. Ils ont bavé, commenté, jugé. Se sont moqués de cette fille dans le petit écran dont on annonçait la présence sur un plateau, plus tard. Un double, à notre manière. Ils l'ont jugé comme si aucun frisson ne me parcourait devant ses images. Comme si je ne livrais aucun combat contre la même ennemie, contre mes larmes. Comme si je n'étais pas là. Tout simplement, comme si je n'existais pas. Transparente. Alors j'ai baissé les yeux. Avalé ma salade verte sans vinaigrette. Et ils ont continué à baver sur le modèle d'un jour, d'une polémique, avant de terminer la marmite de riz à la sauce blanche. Il a continué, acharné. Quand l'heure est venue de l'émission, j'étais seule face au grand écran. Soulagée de l'être. Seule avec mon besoin de regarder ce passage. Et ils sont arrivés. Un à un. Avec leurs lots de commentaires, à nouveau. D'explications et d'évocations de cas connus dans le passé. Et moi ? Non ? Moi ... Le truc assis sur le fauteuil à deux pas de vous. Qui quelques heures auparavant pleurait sur votre balance, alors que vous répétez "mange". Ils ont cru que j'avais maigri. Ils ont tort. Je le sais, mais qu'ils le pensent m'a fait plaisir. Elle seule a démenti. Elle a raison. Mais cela me blesse. Tout cela ne compte pas, je sais bien. Pas plus que je ne compte.
Ils ont tous dit. Je n'ai jamais rien été. Et certainement pas quelqu'un. Je n'ai pas été malade. Pas une anorexique mentale à un stade sévère. Pas en danger de mort. Plus plus qu'en souffrance. Ni dans le passé ni aujourd'hui. J'ai du tout inventer. Evidemment.
Dix minutes à peine pour réduire huit ans de fourvoiement. J'imagine que je dois les remercier ...
Pix By Shires.