Pénombre.
Rien n'y fait.
Il me faudra vider la bête pour toucher à ce qui brûle en moi, me
dévore doucement. Je vole en éclats dans une colère sourde, teintée de
suie, embrumée de désespoir. Quelque chose me pèse dans ce que je suis,
dans ce que je traîne, dans ce que je ne suis pas, de corps comme d'âme.
Quelqu'un
habite en moi. J'ai beau tenter de le noyer et de l'expulser
mécaniquement. De proposer un traité de paix. De me détourner de moi
ou de tenter de m'écouter ... rien ne fonctionne. La paix ne revient
pas. Quelque soit le prix que je paie. Il me faudra donc l'affamer pour
le réduire au silence, pour l'assécher, le rasséréner et donc ne plus
subir son joug. Ou pour m'insensibiliser face à son emprise. Je ne sais
plus sourire, même plus feindre de sourire, je ne sais plus me
regarder, m'accorder un égard. Encore moins une valeur. Je ne me vois
pas avancer encore : je n'ai nulle part où aller, surtout pas avec
boulet sur le cœur et une telle enveloppe. J'ai seulement envie de me faire plus mal encore pour oublier que j'ai mal.
Je voudrais pouvoir
entrouvrir ma cage thoracique, plonger mes mains à l'intérieur, retirer
ce qui me pèse sur le cœur et glisse si souvent sur mes tripes, sur mon
désir de vivre. Je n'ai pas ce pouvoir. Je n'ai même pas identifier la
source, et où creuser. J'ai seulement la solution annexe pour cesser de
porter un poids qui ne me revient pas. Il faut agir pour mettre fin à
tout cela. Tant pis pour les conséquences et pour les sens interdits enfreints.
Photo : Edona
Musique en cours : The Wind That Blows par Piers Faccini
Humeur : Morose