En marge des jours - Décembre
J'ai ôté ma peau de mensonges et je n'ai plus rien à prouver. Rien à offrir non plus. Je n'ai plus de forces à distiller dans de fausses croyances et dans le maintien de l'illusion. Lassée d'être le pantin des espoirs, et surtout de ceux que l'on nourrit pour moi. J'ai trop été celle que l'on attend de moi. Celle que l'on esquisse au grès de sa guise sans prendre garde aux ombrages des dunes et des creux. Des manques. J'ai, une fois encore, joué la comédie pour rester dans les petits papiers des gens qui m'indiffèrent. Je veux redevenir transparente. C'est là ma place, la seule où je me sente chez moi et en paix. Une fois au moins dans ma vie, je veux être l'unique destinataire de mon contentement, de mes actes. Plus qu'une preuve d'égoïsme ou de conscience de soi, un besoin. Il me faut un terrain neutre. Que les luttes cessent dans mon esprit et que ce corps cesse d'être un fardeau. Ce n'est pas le bon champ de bataille certes, mais je suis désarmée. Certains diront que c'est ma crise de décembre. Oui, sans doute. Puissance dix en 2009. Je n'ai simplement plus envie. Plus le coeur. Et surtout pas les ressources pour fournir des efforts qui me blessent au lieu de me remettre sur les traces de mes pas perdus. J'aspire aux brindilles qui volettent dans la brise, sous la neige, qui s'amoncellera sur ce corps. Peut-être. Le recouvrira et le cachera à mes yeux. J'aspire au silence et à la concrétisation de mes sentiments tus. J'en ai assez vu. Je me blinde, je ferme tout. Et tant pis pour ce que je raterai, tant pis pour les opportunités d'une nouvelle année que l'on prétend toujours plus prometteuse que la précédente, tant pis pour la démystification de ce que l'on croit que je suis. Je suis fatiguée de porter tous ces masques, tous ces sourires, tous ces désirs et élans forcés. Ils ne me ressemblent pas ou pas assez pour que je m'unifie en eux. Ils m'écorchent chaque jour un peu plus. Je ne suis pas aussi forte que je veux bien le laissé croire. Par acquis de conscience ou par faiblesse ou parce que j'aurais voulu incarner celle que l'on m'a renvoyée dans des miroirs trompeurs, je n'ai pas démenti. Mis la barre plus haute, toujours plus haute sans jamais rien oser avouer de mes enfers et de mes moments d'absence, de mes hontes et de mes désirs, de mes reculs et de mes abandons. Aujourd'hui, je n'en peux plus de me démultiplier dans des chimères.
Photo : Prismes.
Musique : Tant...
Humeur : Sans commentaires