"Tu n'auras duré que le temps d'un plaisir désolé".
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Ce n'est sans doute plus de la colère, mais de la folie silencieuse, de la fureur. Une fureur de vachette dans une arène, acclamée par les spectateurs qui attendent sa perte comme les enfants attendent les enchaînements de gags d'un clown hilarant. La bête noire n'a rien de rouge. Elle est ce qui s'agite devant mes yeux troublés. Mes yeux troublés d'un rien. Mes entrailles se tordent, condamnant définitivement mon poitrail répudié. Mes veines explosent d'être ainsi contenues sous ma peau battante. Je suis aveugle sous le soleil des possibles et le seul objet concret de ma rage reste ce qui s'embroche : la présence palpable. Il n'y a rien à retourner, contre personne. Même expéditeur, même destinataire. L'agitation tranquille, invisible. L'atmosphère à une odeur de tango, d'un chant de mise à mort. Tout s'agite autour de moi mais dans un rythme contraire au requiem de mes sens. Même le ciel a cessé de pleurer sur ce spectacle désolant. Quelques gouttes à peine, comme le sang versé. Je reprends en chœur les refrains qui me hantent jusqu'à la nausée, les cris qui attisent ma bêtise. J'aurais au moins contribué à faire naître quelques agréables sensations, des rires. J'aurais profité à d'autres. Amuser la galerie et rendu un moment divertissant avant que la foule ne retourne à sa vie. Je resterai sur le sable le temps qu'on me traîne dans les bras de l'ombre, le temps qu'une autre animation ne me remplace. Dans le temps qui m'était imparti, j'aurais toujours fait la même erreur : celle de croire.
Photo : SM Photography
Citation : Elsa Lunghini / Da Silva - Les évidences
Musique : Lhasa De Sela - " Soon this space will be to small"
Humeur : ...