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(Tout) et n'importe quoi.
9 janvier 2007

En Mode Menteuse.

D'une fine et ferme jambe. Gantée de soie couleur chair et de bottes de sept lieues. J'enjambe. Les heurts, la mendicité et les fades aubes. D'une main lassée par l'habitude, je ramasse les fleurs des admirateurs. Elles jonchent mes avancées. Et sous mes semelles des pétales de roses rouge bordeau. De l'autre, je repousse obstacles et les déjections des ignards pigeons.
Je suis une Princesse.
La Princesse du Bonheur.
A mes longues boucles rousses, des fleurs fraîches. Des lys. Je suis une Reine. Et j'excelle. Vie professionnelle maîtrisée. Rien ne m'atteint. Je suis celle qui ne subit rien. Ne pas faillit pas. Derrière mes lunettes noires Gucci aucune larme ne vient tâcher les épreuves manuscrites de mes articles mondialement publiés ni les premières pages de mon sixième best-seller futur prix Nobel de littérature. Pas plus que des larmes ne gondoleront mes tirages photographiques en baryté. Je suis irréprochable. Ne cède ni ne ploie. Celle qui fait loi. Attise foi et convoitise, respect. Celle qui ne connaît d'Achille que sa beauté légendaire et non sa faiblesse. On me verse offrandes et tendresses jusqu'au dégoût. Seules les blanches colombes des crépuscules prometteurs me parviennent.
Je suis une sylphide.
Mon corps est un appât. Une beauté dessinée dans le velours noir des grands couturiers. Avec nonchalance, douceur et élégance, je tends mes mains gantées de strass. A qui désire les baiser. Le coeur sur la main. Et les talons aiguisés. Qu'on ne m'approche sans permission et je mords sans la moindre compassion. Ni l'once d'un remords. Je parade sans suffisance. Prends l'espace. Et de la vie, je fais mon terrain de jeu. Distribuant mes battements de cils à qui se traîne à mes pieds. Une aumône.
Je suis Reine.
Aimée et adulée.
Les hommes me font la cour à tous les carrefours. Reçois des lettres et des suppliques libidineuses ou juvéniles par milliers. Dans la rue ils se retournent. Mon amant est l'amant de l'amant de l'amant de mon époux. Les autres patientent que je me lasse de mon actuel harem d'éphèbes triés sur le volets. Un pedigree. Dans mon giron Johnny Deep, Harry Roselmack et Sean Connery. Jennifer Aniston, Kate Moss et Tery Hatcher se lamentent de n'être que ce qu'elles sont. Je danse sur les rubis de la couronne de mon roi déchu. Je brille. Que dis-je, j'irradie. Je flamboie. Et tout me réussit. Je les rend fous. Avec un plaisir assumé. L'étoile rouge de la Place Blanche. Paris. Je règne. Maîtrise et ordonne. Je les rends livides de désirs et folles de jalousie. Ma beauté dorée les rend vertes. Et eux, à mes pieds, lèchent le cuir de mes bottes ornées de diamants. J'écrase leurs phalanges. Et ris aux éclats. Mes larmes sont des perles de rire 18 carrats. Je me calfeutre dans ma tour d'ivoire cinq étoiles quand ils ne sont pas à la hauteur du service payé. Et renvoie le monde dans ces tréfonds quand il ne hisse pas l'astre solaire assez haut.
Je me fous des âmes et du monde. Des gens et de leurs coeurs. Peu m'importe, si ce n'est moi. Le monde et son son centre c'est moi. Qu'on ne m'approche que pour me cirer les pompes. Mes ordres sont des faveurs que j'accorde. Et chacune de mes apparaitions, de mes actes de présence sont monnayées. Je guide le monde de la blancheur de mes dents alignées. Je suis imprenable. Incapacble. Intouchable. Une forteresse médiévale.
Je suis une déesse.
Un exemple. Un gourou des paumés et des laiderons. Pleine aux as. Créative et originale. Femme fatale. Un Ange. Je suis celle qui réussit. Es. Ris. Renais. Et vis. Celle qu'on envie. Et désire. Pour fille. Pour soeur. Pour meilleure amie. Pour femme. Pour jouet sexuel. Pour mère. Pour grand-mère. Pour voisine de pallier. Pour patronne. Pour modèle. Christian Dior a vendu son âme au diable pour voiler mon corps d'un de ces apparâts. Jean-Paul Gauthier et Lagarfeld se battent en duel dans ma cave. Elle est en fait leurs ateliers clandestins qui me sont réservés. Je suis ma priorité. Rien ne me résiste. Personne non plus. Je suis les pas de danse et la musique. L'orchestre symphonique et le parquet lustré.
Forte. Conquérante. Assurée. Brillante. Hissée au sommet. Rayonnante. Honnorée.
Je suis en tous points comme semblables aux autres cependant.
Je suis heureuse.
Une coupe de champagne Moët et Chandon à la main.
Entre mes doigts manucurés, une fournée fraîchement démoulée de boudoirs rose Fauchon.
Le rire aux bout de mes tendres lèvres glossées de rose et de paillettes.

Je vais bien.


i_can_always_remake_it


By !boobookittyfuck

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Commentaires
A
Je ne sais pas. <br /> Mais ce texte à différents niveaux de lectures, comme je le disais à Zinotchka.<br /> Je ne suis pas certaine, pour ne pas dire sûre, que ce personnage immaginaire, soit l'exemple même de la joie. Quel intérêt aux regards extérieurs, au champagne qui coule à flot tous les jours et aux courbettes ? <br /> Il me semble parfois que cela fait partie du fantasme plus ou moins collectif, qui n'est rien d'autres que chimères ou utopies quand on le tient entre ses mains...<br /> <br /> Vala. Petit délire fictionel...
B
Tres tres tres tres beau texte qui m'a tiré des larmes. Mais, lorsqu'on souffre, est ce vraiment de "ca" de reconnaissance, que l'on rêve? Ou est ce un fantasme qui va plus loin, beaucoup plus loin que nos espêrances secretes? Incapable de répondre à cette question... En tous cas, MERCI pour tes mots.
A
Huhu, comme tu dirais... C'est ton portrait si tu veux. Mais alors j'en lève un niveau de lecture ...
Z
Han ! Décidément j'en ai pour les yeux ce matin, j'adore le style que tu utilises. Avouras-tu parles de moi, héhé.<br /> Tu sais j'aime quand tu écris ce genre de texte, il est très beau, et il fait exploser ton talent. Le rythme est fascinant.<br /> <br /> Je t'embrasse Princesse.
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